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 Les  derniers mots prononcés par la radio de bord du bombardier américain  B-52 avant son crash dans la jungle laotienne furent : « Une explosion  de lumière blanche...» Le 8 mai 1970, l'équipe de secours de William  English localisait les lieux du drame par hélicoptère. La forteresse  volante gisait sur le sol, comme écrasée par une main géante.  Intact le chargement de bombes, intacte la végétation environnante.  Les secouristes se hissèrent dans le cockpit. Une vision d'horreur les y  attendait. Attachés à leurs sièges, les pilotes et leurs compagnons  avaient subi d'atroces mutilations. Étrangement, il n'y avait alentour  aucune trace de sang. Les secouristes retirèrent des uni- formes les  plaques d'immatriculation et récupérèrent le livre de bord. Après  quoi, peu soucieux d'accorder à leurs compatriotes une sépulture  décente, ils firent exploser l'appareil.    UN OVNI DANS LA JUNGLE  Selon les dires de Bill English, son équipe tomba peu après dans une  embuscade et fut faite prisonnière. Lui seul réussit à s'échapper;  trois semaines plus tard, des soldats américains le retrouvèrent dans  la jungle, épuisé.  Ce récit fut à l'origine d'un débat interminable tournant au tout de  la question suivante: le B-52 avait-il été abattu par les ennemis, ou  était-il entré en collision avec un énorme engin extraterrestre?    La réponse devait se trouver dans l'un des quatorze dossiers consacrés  aux avions américains abattus pendant la guerre du Viêt-nam. Et plus  précisément dans le dossier n° 13, lequel n'a jamais été retrouvé,  ou plus sûrement, divulgué officiellement.  Dès lors, l'opinion publique américaine imagina que le gouvernement le  gardait secret en raison des révélations explosives qu'il  contenait... à savoir la preuve qu'un engin extraterrestre avait bien  heurté le B-52 au-dessus du Laos.  Le gouvernement américain répondit à ses allégations par une  déclaration nette et sans appel: «Jamais aucun engin extraterrestre n'a  mis en péril l'un de nos bombardiers. » Elle fut insérée dans le  rapport officiel où étaient compilés les résultats de l'enquête sur  les phénomènes ovnis, le fameux «programme Blue Book», dont la  première mouture datait de 1952. Il y était fait mention de 121 618  observations d'engins extra- terrestres, recensées par le célèbre  ufologue Allen Hynek.  Cependant, durant deux décennies, l'existence et la nature du « dossier  n° 13 » demeurèrent un prétexte à controverses. En 1980, celles-ci  volèrent en éclats avec l'intervention de l'ancien combattant du  Viêt-nam Bill English, le secouriste du B-52, seul survivant de la  mission de secours.    UN DOCUMENT DE 625 PAGES  Bill English quitta l'armée américaine en 1973. Aux environs de 1976,  il travaillait comme analyste sur la base aérienne de Chicksands, l'un  des plus importants centres britanniques d'écoutes électroniques  secrètes. Non loin de là, sa femme enseignait dans une école  primaire.  Le 29 juin 1976, on confia au jeune analyste un document de 625 pages.  Il devait en évaluer l'intérêt. Son nom: le Grudge Book Report n° 13.  S'agissait-il du fameux dossier n° 13 disparu, comme la similitude de  numérotation pouvait le laisser supposer? La suite allait venir  corroborer cette hypothèse.  En effet, le rapport Grudge contenait des informations sur la capture  d'un engin extraterrestre, son armement et même les autopsies des corps  de l'équipage... Mieux encore : dans le dossier figuraient des photos  que Bill English avait lui-même prises, où l'on voyait les cadavres  mutilés du B-52, qui s'était écrasé au Laos en mai 1970. Mais on n'y  faisait pas clairement état d'une collision éventuelle entre l'ovni  et le bombardier. Sa mission achevée, English reprit tranquillement son  travail habituel.  Mais, quelques semaines après avoir procédé à l'analyse du dossier,  le colonel Robert Black, commandant de la base de Chicksands, releva  English de ses fonctions sans ménagement; chassé du Royaume-Uni,  English fut aussitôt reconduit aux États-Unis par avion. Il regagna sa  ville et sa maison de Tucson, en Arizona. L'intervention de son père  sénateur n'y fit rien. Bill décida alors de prendre contact avec  I'ufologue Stanton Friedman au Pima Community College pour l'informer de  ses mésaventures.    Dès ce moment, English commença à travailler au sein de  l'organisation de recherches sur les phénomènes aériens, basée à  Tucson. Au cours de ses activités, il fit la connaissance de Allen  Hynek, astronome et conseiller au Blue Book. Hynek ne rejeta pas,  semble-t-il, l'authenticité des documents du rapport Grudge 13. Mais il  avertit English qu'il nierait en avoir eu connaissance s'il rendait  public leur entretien.    L'ÉQUIPÉE SUICIDE  Dans cette histoire rocambolesque, un nouveau rebondissement survint en  1980. Dans sa maison de Tucson, English reçut la visite inopinée du  colonel Black -l'officier qui l'avait chassé de Chicksands -et de son  ancien opérateur radio. Ils lui apprirent qu'ils avaient été exclus  à leur tour de l'armée de l'air américaine pour des raisons  directement liées au rapport Grudge 13. On ne leur avait donné  d'explication supplémentaire.  Le colonel précisa alors le motif de sa visite : «J'ai la preuve qu'un  énorme ovni, responsable de la destruction du B-52, se trouve enfoui  quelque part aux environs du centre d'essais de White Sands au  Nouveau-Mexique. Le sergent et moi-même avons décidé de nous rendre  sur place. Voulez-vous faire partie de notre équipée?»  English accepta d'emblée. Il vendit sa fabrique d'objets en cuir afin  de participer aux frais : achat d'un van, équipé de caméras vidéo,  de magnétophones, de détecteurs sonores et d'appareils à infrarouges.  Mais l'expédition ne parvint jamais à destination. À mi-chemin, alors  que Bill English se promenait à quelques centaines de mètres de leur  véhicule, surgirent des hélicoptères. Ils survolèrent le van, le  criblant de rockets. Le van fut pulvérisé. Ses deux compagnons  moururent sur le coup.  Désespéré, English regagna Tucson à pied et se réfugia chez un  spécialiste en ufologie, Wendelle Stevens. Sa propre maison étant  placée sous surveillance, il ne pouvait plus l'habiter, ni rejoindre  son épouse. Il ne pouvait guère non plus demeurer à Tucson.  Finalement, il s'installa à Lynchburg, en Virginie, pour y travailler,  quelques années, comme cameraman de télévision.  Hanté par le souvenir de la tragédie et de ses compagnons morts,  English décida en septembre 1988 de sortir de l'ombre et de rendre  publique sa dramatique aventure. Il la communiqua à tous ceux qui  voulurent bien l'entendre. Enfin, en décembre de la même année, il la  raconta sur l'Internet. Il déclara avoir été victime de quinze  tentatives d'assassinat depuis son retour aux États- Unis. Pour lui, la  raison en était simple : il en savait trop sur le fameux rapport  Grudge 13. Il confia par ailleurs à I'ufologue américain Don Ecker que  deux hommes armés de mitraillettes avaient fait feu pendant quinze  minutes sur sa maison de Lynchburg. «Et personne n'est intervenu pour  venir à mon secours, affirma-t-il. Même pas les policiers du  commissariat local, situé à 160 mètres seulement de ma maison. »    L'ENQUÊTE CONTINUE  Dans quelle mesure faut-il accorder crédit aux récits sensationnels,  sinon extravagants, de William English? Il refusa de répondre. Mais un  simple travail de détective nous montra que les affirmations d'English  ne reposaient sur aucune base solide. Dans ses rapports, l'armée  américaine affirme qu'aucun B-52 ne s'est écrasé dans le Sud-Est  asiatique entre juillet 1969 et juillet 1972. Si un tel drame s'était  réellement produit, l'absence de traces écrites ne pourrait être  l'effet que d'une opération de dissimulation délibérée émanant des  plus hautes autorités - motivée par des raisons inconnues du public.  Mais si on exclut cette hypothèse, on ne voit pas pourquoi l'armée se  donnerait la peine de cacher la destruction d'un B-52 dans une zone de  combat... même si des escadrilles d'ovnis se trouvaient impliquées  dans cette agression. Autre élément propre à mettre en doute les  affirmations d'English : dans le conflit vietnamien, l'envoi d'une  équipe spéciale à la recherche d'un B-52 abattu était exceptionnel.  Et si un tel ordre avait été donné, l'équipe aurait été chargée  de rapporter des informations précises: numéro inscrit sur la queue de  l'appareil, noms des membres de l'équipage et des missions  réalisées. Dans tous les cas, l'US Air Force recommandait une  procédure parfaitement détaillée, quand la décision était prise de  retrouver la carcasse d'un avion abattu et les éventuels survivants.    INCOHÉRENCES DU RÉCIT  Mais le point le plus litigieux, c'est un gradé de l'armée américaine  du nom de Ecker, un ancien du Viêt-nam, qui le révéla. Il précisa  que William English n'avait pas l'âge requis pour servir dans les  Forces spéciales, comme il le prétendait. Lors d'une de leurs  rencontres, Ecker montra à English un colt Car 15, l'arme des Forces  spéciales. Et qu'arriva-t-il? English ne la reconnut pas! Il prétendit  alors avoir servi dans l'armée américaine comme technicien  téléphoniste avec le rang de spécialiste 4 -l'équivalent de  caporal-chef dans l'armée de l'air française. Mais il n'en demeure pas  moins improbable qu'il ait pu servir dans le Sud-Est asiatique au  moment des événements.  Ces incohérences et contre-vérités amènent à se poser diverses  questions : English travailla-t-il, comme il le soutient, à la base  aérienne britannique de Chicksands? En d'autre termes, a-t-il  réellement pris connaissance du contenu du rapport Grudge 13, objet de  tant de polémiques et de controverses?  Dans ses interviews, English évoquait la base aérienne de Chicksands  comme un vieil habitué des lieux. L'inconvénient vient de ce que le  colonel qui commanda la base de septembre 1974 à août 1976 n'était  pas Robert Black...mais James W Johnson Jr. Et les vérifications  effectuées par l'office d'immigration britan- nique démontrèrent  qu'aucun homme du nom de Bill English n'avait été expulsé du Royaume-  Uni en 1976. Autant d'éléments qui invalident encore son récit... et  qui relancent la question de l'existence du mystérieux rapport Grudge  13.  Revenons un moment sur la position des autorités militaires : en  vérité, l'US Air Force a toujours nié l'existence de Grudge 13. Les  militaires expliquent simplement que la documentation destinée à  l'origine au Grudge Blue Book 13 fut finalement intégrée dans le  dossier Blue Book n°14 -lequel n'a pas disparu.    OPÉRATION DE DÉSINFORMATION  Dans son livre Révélations, Jacques Vallée écrit à propos d'English  et de ses compagnons : «Je ne mets pas en doute la bonne foi de leurs  témoignages. Les documents en question relatant une prétendue  collision entre un B-52 et un engin extraterrestre ont très bien pu  être élaborés par leurs supérieurs hiérarchiques afin de tester  leur capacité à faire barrage à la désinformation. Quoi de plus  normal que de mesurer leur degré de crédulité et d'habileté en leur  mettant sous les yeux un document mêlant des éléments authentiques à  des informations grotesques. C'est le b a ba de toute technique de  désinformation. Si les candidats ont flairé le piège, c'est qu'ils  ont passé le test avec succès. » English victime de sa naïveté?  English simple «mauvais élève», leurré par les services secrets  américains ? Faut-il voir là l'explication aux «mésaventures»  d'English, à son expulsion brutale d'Angleterre? Certains le pensent.  Le rapport Grudge 13 existe peut-être réelle- ment. Mais cela ne  signifie nullement qu'ont eu lieu des rencontres entre des hommes et des  aliens... et encore moins qu'un bombardier ait été abattu par un  ovni. De par son caractère extravagant, l'affaire Grudge 13 pourrait  bien être une opération de désinformation - en quelques sorte le  pendant américain de l'affaire Ummo -montée comme elle  par les services du contre-espionnage. 
Source : http://www.bizarrus.com/article,Grudge-13--la-disparition-du-bombardier-au-Vi%C3%AAtnam-126.html 
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