Invasions barbares ou "barbarisation" de l'Empire ?

par damino - 3139 vues - 0 com.
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Carte des invasions barbares

Carte des invasions barbares © L'Internaute Magazine

La coexistence pacifique

Pour tout Romain, le Barbare n'était pas un être sauvage et assoiffé de sang mais un homme qui parlait un langage qui lui était incompréhensible et dont la civilisation lui apparaissait primitive. Il serait inexact de se représenter des mondes romains et barbares comme deux mondes hermétiquement séparés en temps de paix. A toutes les époques, Rome a su accepter l'installation de peuples barbares à l'intérieur de ses frontières. Dès la fin du IIIe siècle, les empereurs romains ont accueilli de plus en plus de mercenaires barbares comme soldats : Francs, Goths, Saxons, Alamans viennent grossir les rangs de l'armée tandis que les Romains d'origine se désintéressent de la guerre. Ces soldats offrent évidemment une faible barrière de protection contre les incursions des autres tribus barbares, qui pénètrent de plus en plus dans l'Empire. En outre, Rome concède de plus en plus de territoires à des Germains alliés à des fins de colonisation. Mais graduellement, ces derniers fondent des royaumes souverains sur le sol de l'Empire.

 

Théodose Ier
Théodose Ier, maître de l'Empire romain 

Le heurt de deux mondes

Influencé par la coexistence avec les tribus barbares, l'Empire romain n'en conserve pas moins son originalité. Pour son 'élite intellectuelle, ces deux mondes s'opposent. Il y a, d'un côté, le citoyen romain, vivant libre dans un Etat policé, sous l'autorité d'un prince conscient de son rôle d'organisateur, dans un certain confort matériel et intellectuel. De l'autre, on trouve des sujets vivant en tribus, soumis aux caprices d'un chef tout-puissant, sans lois écrites ni idéal commun, et de surcroît illettrés. Mais ces deux civilisations n'apparaissent comme irréductiblement séparées que pour une élite minoritaire : pour le reste de la population, rurale et inculte, la différence est-elle si claire ? Les informations manquent quant aux couches populaires, mais nul doute que le nœud du problème réside dans cette masse de la population de l'Occident romain, inconsciente de son appartenance à une romanité qu'elle pourrait défendre.

 

Sac de Rome
Le sac de Rome Miniature française du XVe siècle

Les invasions barbares


Il n'y a pas eu "invasion" mais plutôt "installation" des Barbares. Néanmoins, au IVe et Ve siècles, l'avancée a pris la forme d'attaques qui sont allées en s'intensifiant. Après la mort de Théodose en 395, l'Empire romain est réparti entre ses deux fils, Honorius et Arcadius, et laissé à la régence des généralissimes barbares Stilicon et Rufin. Dans le même temps, le Wisigoth Alaric mène une guerre personnelle contre l'empire romain d'Orient. Il parvient à obtenir le commandement de l'Illyrie (actuels Balkans) en 397. Véritable seigneur de la guerre, il prélève l'impôt sur le territoire romain pour son propre compte. En 401, il décide d'attaquer l'Occident, et notamment l'Italie. Stilicon contient ses assauts, mais après l'assassinat du généralissime, en 408, Alaric a la voie libre. En 410, à sa troisième tentative de siège, il pille Rome, ce qui n'était pas arrivé depuis l'invasion gauloise de 390 avant J.C. Le sac de la "Ville éternelle" a un immense retentissement.

Ces guerres dans la péninsule italienne obligent l'Empire à dégarnir la frontière du Rhin pour obtenir des renforts. En conséquence, en décembre 406, le Rhin est franchi par des bandes de Vandales, de Suèves et d'Alains qui dévastent la Gaule avant d'occuper l'Espagne. Derrière eux, les Francs et les Burgondes envahissent la Gaule.

Vers 412, Athaulf, successeur d'Alaric, se réconcilie avec l'empereur d'Occident Honorius, dont il épouse la sœur, après l'avoir prise en otage, et s'institue protecteur des Romains. Installé en Gaule Narbonnaise puis en Aquitaine, il fonde un royaume wisigothique au cœur de l'Empire romain. Après sa mort, en 415, le gouvernement impérial romain choisit d'intégrer les Barbares à ses propres troupes. Contre les agressions extérieures, l'Empire utilise des cavaliers huns et installe de nouveaux fédérés, Francs saliens mais aussi Burgondes, en Gaule.

Le sac de Rome par les Barbares en 410 Tableau de J. N Sylvestre© Musée Paul Valéry, Sète

Lorsqu'en 451, Attila, roi des Huns, investit la Gaule, le généralissime Aétius unit les communautés barbares installées en Gaule aux dernières troupes régulières. Après la victoire contre Attila, les fédérés mènent une politique indépendante de l'Empire. Les terres qu'ils ont reçues en protection deviennent des principautés barbares. L'Empire d'Occident se délite de l'intérieur. Les Francs confirment leur installation sur le territoire de la Belgique et des Pays-Bas actuels, puis s’étendent jusqu'à la Somme. Quant aux Burgondes, longtemps cantonnés autour du Lac de Genève, ils étendent leur territoire jusqu'à Lyon et Langres dès 457. Enfin, les Wisigoths s'assurent la domination de toute la Méditerranée occidentale.

Rome est encore pillée deux fois en 20 ans. L'empereur n'est bientôt plus qu'un fantoche entre les mains des rois barbares. En 476, le dernier empereur romain d’Occident, Romulus Augustule, qui porte, ironie de l'Histoire, le nom du fondateur mythique de Rome, est déposé à Ravenne par Odoacre, Barbare et chef de l’armée d’Italie du nord. L’empire romain d’Occident cesse d’exister et laisse la place à une mosaïque de royaumes romano-barbares.

Source : http://www.linternaute.com/histoire/magazine/dossier/06/chute-empire-romain/invasions-barbares.shtml

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