Le destructeur du nez du sphinx

par damino - 2060 vues - 0 com.
Mystère, légende, archéologie

Voilà bien longtemps que les hommes de la riche et nourricière terre d’Egypte le contemple. On vient également de loin pour se recueillir devant lui. Le Sphinx, cet être gigantesque que les plus grands hommes révèreront comme un dieu est un porte bonheur ! Né de la volonté du pharaon Khéphren, ce mastodonte taillé dans la roche garde depuis 2500 av. notre ère environ le plateau de Guizèh et ses somptueuses tombes : les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos. Le Sphinx parcourt les siècles avec aisance bien qu’il faille régulièrement le déterrer car le sable, inlassablement, vient le recouvrir jusqu’aux épaules. La chrétienté puis l’islam passent et le culte du dieu lion à tête d’homme s’éteint progressivement sans toutefois totalement disparaître. Les musulmans d’Egypte le considèrent tel un génie et l’admirent comme une œuvre d’art défiant la nature et rendant grâce au génie humain voulu par Dieu. Malheureusement, les belles heures théologiques, bien souvent plus intellectuelles et philosophiques que liturgiques, laissent parfois place aux heures sombres dont les religions monothéistes ont su se rendre coutumières.

Nous sommes en 1378 et malgré le va et vient incessant des guerres et des croisades, il fait toujours aussi bon vivre dans l’ancien pays des pharaons. Le Nil, « ce don », s’écoule toujours et distribue comme avant sa « semence » bienfaitrice qui permet à l’Egypte d’être « un grenier à blé » de la Méditerranée. Le pouvoir des Califes a cessé depuis longtemps de faire la chasse au passé. Tout au plus on condamne, ça et là, quelques réticents qui montrent ouvertement leur incapacité à accepter la vraie foi : celle d’Allah. Juifs et Coptes coexistent, et tout ce monde essaye avec plus ou moins de réussite, de vivre ensemble. On veut surtout oublier les erreurs du passé comme celle du calife Omar qui, au VIe siècle, avait ordonné la destruction totale de la fabuleuse bibliothèque d’Alexandrie, déjà peu épargnée dans le passé. Une hérésie intellectuelle !
C’est dans ce monde là que vit le soufi Mohamed Sa’im al-Dahr. Adepte des mystères de l’islam et surtout orthodoxe musulman, il veut une observance pure et dure du Coran. Aussi, lorsqu’il voit les paysans, pourtant tous musulmans, s’enquérir de la bienveillance du Sphinx – cette idole païenne, ce symbole d’impureté, ce synonyme de tout ce qu’un soufi exècre – pour que celui-ci favorise leurs récoltes, Mohamed Sa’im al-Dahr ne tient plus ! Il harangue les foules et lance des pierres sur un paysan hérétique quand il le reconnaît. Ses discours sont enflammés et haineux, à l’image de ceux prononcés par l’admirable et non moins inspiré St Cyrille qui, presque mille ans plus tôt, réclamait courageusement le « démembrement » de la Sage Hypatie à Alexandrie.  
Cependant, le soufi ne parvient pas au même résultat. Au contraire on se détourne de lui et comble du désespoir, on lui rit au nez. On colporte jusqu’aux autorités locales l’existence de ce prédicateur « anti-Sphinx » mais on juge que les extrémistes ont toujours existé et que le meilleur moyen de les faire taire est de les marginaliser. On laisse donc faire. Conscient de son échec théologique et politique, le soufi décide de passer à l’acte. A la faveur de la nuit, emportant avec lui marteau, outillage divers de destruction et une échelle, il s’en va accomplir un terrible forfait : détruire la face du Sphinx. Effectuant avec fanatisme sa destruction, il ne voit pas les premières heures de la journée arriver. Râ, l’ancien dieu du soleil éclaire désormais le malfaiteur et les paysans qui se lèvent tôt pour accomplir leur rituel d’offrande au Sphinx, aperçoivent le soufi. Celui-ci a déjà détruit le nez et s’en prend désormais aux oreilles. Les paysans se ruent sur lui, lui arrachent ses outils – quelques coups pleuvent – et Sa’im al-Dahr est accompagné, manu militari, chez le gouverneur. Se rendant sur place, celui-ci constate les dégâts et annonce, sans autre forme de procès, la pendaison du coupable pour vandalisme.
Mohamed Sa’im al-Dahr fut pendu puis son corps brûlé par les paysans devant le Sphinx amoché. Comble de l’ironie, probablement que le soufi servit d’offrande ce jour-là !     
PS : À l’image des prêtres d’Artémis à Ephèse qui, comprenant les motifs du pyromane Erostrate, le condamnèrent à l’oubli (c’est raté !), je me suis permis de ne pas citer le nom du soufi dans mon titre. Un moyen bien dérisoire, plus symbolique qu’autre chose et surtout inutile – je le reconnais – de condamner cet acte impardonnable et heureusement condamner. Des forfaits qui malheureusement arrivent souvent ces dernières années.
Source : http://lesitedelhistoire.blogspot.fr/search/label/Moyen%20Age

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