Premières preuves de pêche en haute mer il y a 42 000 ans
Des hameçons et des restes de poissons ont été retrouvés au Timor oriental.
La découverte 
 Une équipe de chercheurs travaillant dans  l'abri rocheux de Jerimalai (nord de l'île du Timor oriental) a mis au  jour plusieurs artefacts démontrant que les hommes préhistoriques  pêchaient en eaux profondes. L'étude a été publiée le 25 novembre 2011  dans la revue Science par Sue O'Connor, Rintaro Ono et Chris Clarkson. 
 Tout d'abord, deux hameçons fabriqués à partir de coquillages taillés dont la datation est estimée à  - 11 000 ans pour l'un et entre -16 000 et - 23 000 ans pour l'autre,  mais les fouilles sur le site ont permis de dégager également plus de 38 000 restes de poisson (ossements, arrêtes…) du sol de l'abri. Les plus anciens de ces restes  de repas ont été datés au radio-carbone à - 42 000 ans. Ils  correspondent à 23 espèces de poissons différentes. 
 
L'étude
 Les hameçons de Jerimalai sont donc les plus  anciennes preuves directes de la pêche humaine. Mais ce sont les restes  de poissons qui ont le plus intrigué les chercheurs. En 
effet, la moitié des os retrouvés appartiennent à des espèces pélagiques, c'est-à-dire en pleine mer, loin des côtes… 
 Les hommes qui ont pêché ces poissons (thon,  requin, raie…) avaient donc acquis non seulement une technologie dans la  fabrication de bateaux (ou radeaux) mais également et surtout dans les  techniques de pêche spécifiques. 
 "Que ces types de poissons aient été  systématiquement pêchés il y a 40.000 ans est extraordinaire», affirme  Sue O'Connor, "cela nécessite une technologie complexe et montre que les  premiers hommes modernes en Asie du Sud-Est insulaire avaient des  compétences maritimes étonnamment avancées."
Une avancée dans la connaissance des humains de cette époque
 Jusque là on pensait que les hommes avaient  d'abord conquis l'Australie il y a 50 000 ans mais l'île-continent n'a  jamais délivré de traces de pêche aussi anciennes. Il est donc possible  que l'île du Timor ait été colonisée avant l'Australie. Dans tous les  cas les hommes de l'époque devaient forcément prendre des voies  maritimes et donc utiliser des embarcations.
 Les poissons de haute mer retrouvés laissent à  penser que nos pêcheurs préhistoriques utilisaient soit des filets,  soit des lignes dérivantes munies d'hameçons. Mais les scientifiques,  auteurs de l'étude, indiquent que les hameçons retrouvés n'étaient pas  adaptés à la pêche pélagique. 
 Sue O'Connor (archéologue à l'Université Nationale australienne de Canberra) déclare également que "la pêche au harpon n'aurait pas non plus permis de prendre des thons qui nagent beaucoup trop vite ".
Réactions
 Sandra Bowdler (Université de Western  Australia à Perth), qui ne faisait pas partie de l'équipe de chercheurs,  est convaincue que ceux qui ont colonisé le Timor oriental 42000 années  auparavant, avaient des compétences complètes pour la pêche : «En ce temps, les hommes devaient avoir les mêmes capacités mentales qu'aujourd'hui".
 «Il n'y a rien de tel nulle part ailleurs dans le monde», déclare Ian McNiven de l'Université Monash à Melbourne), "c'est peut-être le lieu d'origine de la pêche."
A noter 
 Des arêtes de poisson avaient également été retrouvées en Afrique du Sud dans la grotte de Blombos mais elles appartenaient alors à des espèces côtières beaucoup plus  anciennes                            (-50 000 à - 140 000 ans) nécessitant, pour  être attrapées, des techniques de pêche beaucoup moins élaborées.
Source : http://www.hominides.com/html/actualites/peche-prehistoire-42000-ans-0523.php