Une opération chirurgicale il y a 7000 ans : la plus ancienne amputation découverte en France
par damino - 2251 vues - 0 com.
La fouille du site néolithique ancien de Buthiers-Boulancourt (Seine-et-Marne) a révélé aux archéologues de l’Inrap le plus vieux témoignage, en France, d’une amputation. Cet acte chirurgical, réussi, a été pratiqué il y a 6 900 ans sur un homme âgé. Ces résultats viennent d’être publiés sur le site de la revue internationale Antiquity.
Le site de Buthiers-Boulancourt a livré sept maisons néolithiques, de tradition danubienne, caractéristiques de la fin de la culture « Blicquy-Villeneuve-Saint-Germain » datée de 4900-4700 avant notre ère. Deux petits groupes sépulcraux ont aussi été fouillés. Ils contenaient deux et trois sépultures en fosse individuelle caractéristiques.
Le site de Buthiers-Boulancourt a livré sept maisons néolithiques, de tradition danubienne, caractéristiques de la fin de la culture « Blicquy-Villeneuve-Saint-Germain » datée de 4900-4700 avant notre ère. Deux petits groupes sépulcraux ont aussi été fouillés. Ils contenaient deux et trois sépultures en fosse individuelle caractéristiques.
L’amputation
Si la pratique de la trépanation est bien attestée dans l’Europe néolithique, les preuves d’autres types d’interventions chirurgicales, l’amputation notamment, sont rarissimes. Elles sont en effet très difficiles à identifier sur des ossements anciens souvent mal conservés. L’homme est orienté est-ouest, tête à l’est, regardant le sud. Couché sur le flanc gauche en position fléchie, les genoux légèrement surélevés, sa posture est également caractéristique de cette période. La partie supérieure de son bras gauche est légèrement éloignée du corps. Son avant-bras gauche manque et rien ne permet d’expliquer cette absence.
Dès la fouille, anthropologues et archéologues ont formulé l’hypothèse d’une amputation, basée sur des observations morphologiques. Une étude montre aujourd’hui que l'extrémité distale de l'humérus présente une très nette section dont l’origine est traumatique plutôt que malformative. Des examens radiologiques puis microtomographiques, la reconstitution en 3 dimensions de l’os, ont été entrepris. Toutes les images révèlent des signes de cicatrisation osseuse.
Les indices de découpe sont localisés à un endroit où l’os est particulièrement robuste et dur à couper, en particulier à l’aide d’un silex. Une découpe sur la diaphyse aurait été bien plus facile. Quelle que soit la cause du traumatisme (accident, etc.), il a partiellement arraché l’avant-bras en brisant les os. L’opération a été pratiquée en coupant les parties encore en place. Il ne s’agirait alors pas d’une amputation accidentelle mais d’un véritable choix médical. Cette opération peut être reconstituée : la découpe s’est effectuée de la face antérieure vers la postérieure et le poids de l’avant-bras, peut-être aidé du chirurgien, a causé la rupture des derniers millimètres de corticale, comme on peut l’observer en coupant une pièce de bois. Le bras était probablement en extension, pour obtenir une ouverture maximale du coude. La cicatrisation osseuse signale la survie du patient. L’absence d’infection, témoigne d'une bonne asepsie.
L’amputation de membres est très rare en Préhistoire, et deux cas sont actuellement connus dans le Néolithique ancien d’Europe occidentale : Sondershausen dans l’est de Allemagne et Vedrovice, en Moravie (République tchèque). Buthiers-Boulancourt est donc aujourd’hui le plus vieux témoignage d’amputation en France. Cette découverte a bénéficié des dernières techniques de fouille et d’imagerie médicale.
Dès la fouille, anthropologues et archéologues ont formulé l’hypothèse d’une amputation, basée sur des observations morphologiques. Une étude montre aujourd’hui que l'extrémité distale de l'humérus présente une très nette section dont l’origine est traumatique plutôt que malformative. Des examens radiologiques puis microtomographiques, la reconstitution en 3 dimensions de l’os, ont été entrepris. Toutes les images révèlent des signes de cicatrisation osseuse.
Les indices de découpe sont localisés à un endroit où l’os est particulièrement robuste et dur à couper, en particulier à l’aide d’un silex. Une découpe sur la diaphyse aurait été bien plus facile. Quelle que soit la cause du traumatisme (accident, etc.), il a partiellement arraché l’avant-bras en brisant les os. L’opération a été pratiquée en coupant les parties encore en place. Il ne s’agirait alors pas d’une amputation accidentelle mais d’un véritable choix médical. Cette opération peut être reconstituée : la découpe s’est effectuée de la face antérieure vers la postérieure et le poids de l’avant-bras, peut-être aidé du chirurgien, a causé la rupture des derniers millimètres de corticale, comme on peut l’observer en coupant une pièce de bois. Le bras était probablement en extension, pour obtenir une ouverture maximale du coude. La cicatrisation osseuse signale la survie du patient. L’absence d’infection, témoigne d'une bonne asepsie.
L’amputation de membres est très rare en Préhistoire, et deux cas sont actuellement connus dans le Néolithique ancien d’Europe occidentale : Sondershausen dans l’est de Allemagne et Vedrovice, en Moravie (République tchèque). Buthiers-Boulancourt est donc aujourd’hui le plus vieux témoignage d’amputation en France. Cette découverte a bénéficié des dernières techniques de fouille et d’imagerie médicale.
Le dépôt sépulcral
La fosse sépulcrale est particulièrement large et profonde, creusée en grande partie dans le substrat calcaire. De l’ocre a été répandu sous le crâne. Le mobilier funéraire est étonnant au sein de la culture « Blicquy-Villeneuve-Saint-Germain ». Il se compose d’une longue lame de hache polie en schiste près du crâne et un très grand pic en silex placé à angle droit au dessus du bras gauche. Un très jeune agneau (ou cabri) avait été déposé aux pieds de l’individu, une offrande rare à la fin du Néolithique ancien. La lame en schiste, peut-être importé des Ardennes, dépasse les 20 cm et est sans conteste un objet de prestige. Une telle hache n’avait encore jamais été mise au jour en contexte funéraire au sein de cette culture. Le très grand pic en silex atteint 30 cm de long. Il a été soigneusement poli aux deux extrémités et très peu utilisé.
Ce mobilier funéraire prestigieux, les dimensions inhabituelles de la fosse sépulcrale suggèrent que cet homme bénéficiait d’un statut particulier au sein du groupe. Il s’agit d’un homme adulte assez âgé, affligé d’arthrose et édenté. Bien que l’on ne puisse que spéculer sur son statut, il semble qu’il a été pris en charge par son groupe et intégré à celui-ci en dépit de son handicap.
Ainsi il y a 7 000 ans, les connaissances médicales étaient bien plus élaborées que ce que l’on peut généralement imaginer, et au sein de ces communautés agro-pastorales, les règles sociales étaient complexes.
Ce mobilier funéraire prestigieux, les dimensions inhabituelles de la fosse sépulcrale suggèrent que cet homme bénéficiait d’un statut particulier au sein du groupe. Il s’agit d’un homme adulte assez âgé, affligé d’arthrose et édenté. Bien que l’on ne puisse que spéculer sur son statut, il semble qu’il a été pris en charge par son groupe et intégré à celui-ci en dépit de son handicap.
Ainsi il y a 7 000 ans, les connaissances médicales étaient bien plus élaborées que ce que l’on peut généralement imaginer, et au sein de ces communautés agro-pastorales, les règles sociales étaient complexes.
Source : http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/Les-derniers-communiques/Communiques-nationaux/p-9126-Une-operation-chirurgicale-il-y-a-7000-ans-la-plus-ancienne-amputation-decouverte-en-France.htm