La tragédie de la Garde de fer
Bucarest, mars 1938. Notre auto nous conduit en dehors des faubourgs de  la ville le long d’une morne route provinciale sous un ciel gris et  pluvieux. Nous tournons brusquement à gauche pour nous engager dans un  chemin de campagne et nous nous arrêtons alors devant un édifice aux  lignes nettes : c’est la  Maison verte, le siège de la Garde de fer. «  Nous l’avons construite de nos propres mains ! », nous dit non sans un  certain orgueil le chef légionnaire qui nous accompagne. Nous entrons  et, après avoir traversé une sorte de corps de garde, nous montons au  premier étage. Un groupe de légionnaires s’écarte alors et voici que  s’avance vers nous un homme jeune, grand et élancé, portant sur le  visage une expression peu commune de noblesse, de franchise et d’énergie  : les yeux gris-bleus, front haut, c’est l’archétype même aryo-romain.  Mêlé cependant aux traits virils, il y a dans l’expression quelque chose  de contemplatif et de mystique. Nous avons devant nous Corneliu  Codreanu, chef et fondateur de la Garde de fer roumaine — celui que l’on  traite d’« assassin », de « séide d’Hitler », de  « conspirateur  anarchiste » dans la presse vendue du monde entier parce que, depuis  1919, il a jeté le gant à Israël et contre les forces qui, à un titre ou  à un autre, agissent comme ses alliés objectifs dans la vie nationale  roumaine.
Parmi les nombreux chefs de mouvements nationaux qu’il  nous a été donné de rencontrer en Europe, peu — pour ne pas dire aucun —  nous ont fait une impression aussi favorable que Codreanu. Il a été un  des rares avec qui nous avons pu parler avec une telle (et quasi totale)  communion d’idées ; un des rares chez qui nous avons rencontré la  capacité de pouvoir s’élever d’une façon aussi nette du plan des  contingences pour ramener à des prémisses authentiquement spirituelles  une volonté de renouveau politico-national. Et Codreanu lui- même n’a  pas caché sa satisfaction de rencontrer enfin quelqu’un avec qui il  puisse aller au-delà de la formule stéréotypée du « nationalisme  constructif » — formule d’ailleurs bien incapable d’exprimer l’essence  profonde du mouvement légionnaire roumain.
Nous vivions alors les  heures de la chute du cabinet Goga, de l’intervention directe du roi,  de la promulgation de la nouvelle constitution et du plébiscite. Nous  étions au fait de tous les dessous de ces bouleversements, mais Codreanu  compléta notre vision de la situation en en faisant une lumineuse  synthèse. Il était plein de foi en l’avenir ainsi qu’en la victoire  prochaine de son mouvement. Si ce dernier n’a ni réagi ni manifesté  aucune opposition, ceci procédait de raisons tactiques bien précises : «  S’il y avait eu des élections régulières comme le pensait Goga, nous  nous serions imposés avec une écrasante majorité » — nous dit  textuellement Codreanu. « Toutefois, mis devant l’alternative de dire  oui ou non à un fait accompli, c’est-à-dire la constitution, dont  l’inspiration revient au Souverain, nous avons refusé de livrer bataille  ». Et il ajouta même : « Nous avons emporté la première ligne de  tranchée, puis la seconde, puis la troisième, et l’adversaire, à l’abri  du réduit où il s’est retranché, tire maintenant sur nous sans même  savoir que ce que nous, nous voudrions, c’est lui venir en aide contre  son véritable ennemi ». Et nous nous souvenons aussi de cette autre  phrase de Codreanu à une question que nous lui posions à propos de son  attitude vis-à-vis du roi : « Mais nous sommes tous monarchistes !  Cependant nous ne pouvons renoncer à notre mission et accepter de nous  compromettre avec un monde moribond et corrompu ».
Et lorsqu’il  tint à nous raccompagner avec sa propre automobile jusqu’à notre hôtel —  sans se soucier de ce que ceci pouvait avoir d’exceptionnel (et nous  encore moins de l’avertissement reçu de notre Légation selon lequel  quiconque rencontrerait Codreanu était expulsé du pays dans les  vingt-quatre heures) — et qu’il prit congé, sachant que nous  poursuivions notre périple en passant par Berlin et Rome, il nous dit : «  À tous ceux qui combattent pour la même cause que nous, dites que je  les salue et que le légionnarisme roumain est et sera  inconditionnellement à leurs côtés dans la lutte antisémite,  antidémocratique et antibolchévique ».
Il vient de paraître  récemment, dans la collection Europa Giovane (Casa Editrice Nazionale,  Rome-Turin, 1938), la traduction italienne — que l’on nous avait déjà  annoncée à Bucarest — du livre de Codreanu portant précisément pour  titre La Garde de fer. Il s’agit de la première partie d’un ouvrage qui  est simultanément l’autobiographie du Capitaine et l’histoire de la  lutte de son mouvement et où l’on trouve bien évidemment aussi l’exposé  de sa doctrine et de son programme politique. On peut mettre en  parallèle ce livre avec la première partie du Mein Kampf d’Adolf Hitler  sans craindre le moins du monde qu’il ressorte diminué d’une telle  confrontation. En fait, c’est la force même — et le tragique même — des  choses, qui fait que le récit de Codreanu possède une telle puissance  suggestive. Et nous pensons que tout fasciste, au sens large, se doit de  prendre connaissance, à travers elle, des tragiques et douloureuses  vicissitudes d’une lutte qui, sur le sol roumain, n’a fait que répéter  celle que nous-mêmes avons affrontée au cours de nos révolutions  antidémocratiques et antisémites. Et c’est maintenant l’heure où, en ce  domaine, on connaît enfin la vérité qu’occulte ou que déforme une presse  tendancieuse : on ne peut se faire une idée exacte des possibles  développements futurs de la Roumanie si l’on néglige le facteur  représenté par le mouvement légionnaire — réprimé aujourd’hui mais  certainement pas hors de combat.
Par sa nature même, le livre de  Codreanu ne se laisse pas facilement résumer. Nous ne pouvons ici  qu’apporter quelques indications d’ordre général et doctrinal permettant  de cerner la nature du mouvement de Codreanu. A peine âgé de vingt ans,  ce dernier se lança, dans les années 1919-1920, pas seulement par la  parole mais par l’action squadriste, dans la lutte contre le danger  communiste au nom de la nation roumaine, faisant le coup de poing contre  les ouvriers révoltés, arrachant les drapeaux rouges que ceux-ci  avaient hissés sur leurs usines et les remplaçant par le drapeau  national. Disciple d’AC Cuza, doyen du nationalisme roumain et  précurseur de la lutte antisémite, Codreanu avait déjà su voir, à  l’époque, ce qu’aurait réellement signifié la victoire du communisme :  non pas une Roumanie ayant à sa tête un régime prolétarien roumain, mais  son asservissement, dès le lendemain, sous la plus ignoble des  tyrannies. Et dès ce moment-là, Codreanu devint la bête noire de la  presse stipendiée par Israël, l’objet d’une campagne féroce de  diffamation et de haine qui, à travers lui, visait également alors la  foi nationale de tout un peuple. Voici ce qu’écrit Codreanu à ce sujet :  « En une seule année, j’en ai appris sur l’antisémitisme à un point tel  que ceci pourrait remplir la vie de trois hommes. Parce que je ne peux  voir profaner les convictions les plus sacrées d’un peuple —  c’est-à-dire ce que son cœur aime et respecte — sans en souffrir au plus  profond de moi et sans que la blessure qu’on lui fait ne ruisselle de  sang. Cela s’est passé il y a dix-sept ans et la blessure saigne encore  ». À l’époque, Codreanu se battait contre ceux qui entonnaient des  hymnes à l’internationale rouge, et ses partisans réduisaient en miettes  les imprimeries de feuilles sémites où l’on insultait le roi, l’armée  et l’Église. Mais un peu plus tard, et cette fois-ci au nom du roi, de  l’armée et de l’ordre, une presse roumaine experte à retourner sa veste  devait continuer la même campagne contre Codreanu en répandant à  longueur de colonnes la haine et la calomnie sur son mouvement.
«  Je ne saurais définir », écrit Codreanu, « de quelle façon je suis  entré dans la mêlée. Peut-être comme un homme qui marchant dans la rue  avec les préoccupations, les pensées et les soucis qui sont les siens,  verrait tout-à-coup un incendie dévorer une maison et mettrait bas la  veste pour bondir au secours de ceux qui sont la proie des flammes. Avec  le simple bon sens d’un garçon de vingt ans, voilà tout ce que  m’inspira le spectacle que je voyais autour de moi : nous étions en  train de perdre notre patrie, et avec le concours inconscient des  malheureux ouvriers roumains spoliés et réduits à la misère, allait  désormais régner l’ordre dictatorial et exterminateur d’Israël. C’est  poussé par un élan venu du cœur que j’ai commencé, par cet instinct de  défense que possède même le dernier des vers de terre — à cette  différence près qu’il ne s’agissait pas d’un instinct de conservation  individuel, mais de la défense de la race à laquelle j’appartenais.  C’est pourquoi j’ai toujours eu la sensation que reposait sur nos  épaules toute notre race, avec les vivants mais aussi le cortège de ceux  qui sont morts pour elle et de ceux qui sont à naître ; la sensation  que la race lutte et s’exprime à travers nous et que, quel que soit le  nombre de nos ennemis, en face d’une telle entité historique, il ne  s’agit que d’une poignée d’individus sans importance que nous  disperserons et que nous vaincrons… L’individu dans le cadre et au  service de sa race, la race dans le cadre et au service de Dieu et des  lois de la Divinité : quiconque comprend cela triomphera, même s’il est  seul. Et quiconque ne le comprend pas mordra la poussière ».
Telle  était la profession de foi de Codreanu en 1922, époque où il achevait  ses études universitaires. En tant que président de l’Association  nationaliste des étudiants en droit, il fixait simultanément les grandes  lignes de la campagne antisémite dans les termes suivants : « a -  identifier l’esprit et la mentalité étrangers à notre peuple qui se sont  insensiblement infiltrés dans les modes de sentir et de penser d’un  grand nombre de nos compatriotes ; b - effectuer notre propre  désintoxication, éliminer le judaïsme introduit dans notre propre pensée  par le biais des livres scolaires, des professeurs, du théâtre et du  cinéma ; c - prendre conscience des menées israélites et les démasquer,  quel que soit le déguisement dont elles se parent. Car nous avons des  partis politiques qui sont, certes, dirigés par des Roumains, mais c’est  le judaïsme qui s’exprime à travers eux. Nous avons des journaux  roumains, écrits par des Roumains, mais ils ne sont que la tribune du  juif et de ses intérêts — de même que nous avons des conférenciers  roumains, mais ils pensent, ils écrivent et ils parlent hébreu avec des  mots roumains ». Parallèlement à cela étaient également évoqués les  problèmes pratiques qui se posaient en termes politiques, nationaux et  sociaux : celui de vastes régions de Roumanie littéralement colonisées  par des populations exclusivement hébraïques ; celui posé par le fait  que la plupart des centres vitaux des grandes villes étaient sous  contrôle juif ; celui du pourcentage alarmant de juifs dans les écoles  pourcentage atteignant souvent la majorité absolue —, ce qui équivalait à  préparer leur invasion et leur hégémonie dans le domaine professionnel  pour les nouvelles générations. Il convenait également de dénoncer les  minables manœuvres effectuées derrière les coulisses : comme il l’avait  déjà fait à l’époque communiste en révélant que les dirigeants du  présumé « mouvement prolétarien roumain » étaient tous juifs sans  exception, Codreanu n’hésita pas à révéler, cette fois en tant que  député du Parlement, comment la majorité des hommes exerçant des  responsabilités gouvernementales recevaient de soi-disant « prêts » des  banques juives.
A l’arrivée de Mussolini au pouvoir, Codreanu  reconnaît en lui un « porteur de lumière qui nous insuffle l’espérance :  c’est pour nous la preuve que l’hydre peut être vaincue, la preuve que  nous pouvons vaincre ». (Et il ajoutait : « Or, Mussolini n’est pas  antisémite. “C’est en vain que vous vous réjouissez”, susurre à nos  oreilles la presse juive. Mais moi je dis que ce qui importe, ce n’est  pas le fait que nous nous réjouissions, c’est le fait que vous vous  inquiétiez, vous, de sa victoire, le fait que, bien qu’il ne soit pas  antisémite, il soit l’objet des attaques de la presse juive du monde  entier ».
Ce que Codreanu avait vu très justement, c’est que le  judaïsme a réussi à dominer à la fois le monde libéral par le biais de  la franc-maçonnerie et la Russie par celui du communisme « En détruisant  communisme et franc-maçonnerie — écrivait-il —, Mussolini a  implicitement déclaré ainsi la guerre à l’hébraïsme ». Or, le récent  virage antisémite du fascisme n’a fait que donner pleinement raison à  Codreanu).
Pour finir d’éclairer l’attitude antisémite de  Codreanu, il convient de retranscrire ici un passage de son livre qui  démontre une particulière clairvoyance : « Celui qui s’imagine que les  Juifs sont de pauvres malheureux venus ici par hasard, portés par le  vent ou conduits par un destin contraire se trompe lourdement. Tous les  juifs sans exception qui existent de par le monde forment une grande  collectivité cimentée par le sang et par la tradition talmudique. Ils  sont encadrés par un État au sens propre, État implacable ayant ses  lois, ses plans, des chefs pour définir ces plans et les mener à bonne  fin : à la base de tout ceci, il y a le Cahal. De telle sorte que nous  ne nous trouvons jamais devant des individus isolés mais en face d’une  force constituée : la communauté juive. Dans chaque pays, chaque cité,  là où se regroupe un nombre donné d’israélites, se forme immédiatement  le Cahal, c’est-à-dire la communauté juive. Ce Cahal possède ses chefs,  sa justice à part, etc. Et c’est dans ce petit Cahal, au niveau d’une  simple ville ou même d’un pays, que se préparent tous les plans :  comment s’attacher les politiciens ou les autorités ; comment  s’introduire dans tous les cercles où il s’avère utile de s’infiltrer,  comme, par exemple, chez les magistrats, les officiers, les hauts  fonctionnaires, etc. ; quelle sera la marche à suivre pour enlever des  mains d’un Roumain un secteur commercial donné ; comment éliminer  l’honnête représentant d’une autorité opposée aux intérêts judaïques ;  quel plan appliquer lorsque, poussée à bout, la population locale se  révolte et explose en mouvements antisémites, et ainsi de suite ». Outre  cela, il existe des plans généraux à long terme : « 1 - Ils chercheront  à rompre les liens entre le Ciel et la Terre en s’attachant à diffuser  sur une grande échelle des théories athées et matérialistes, réduisant  le peuple roumain — ou, éventuellement, seulement ses chefs — à un  peuple séparé de Dieu et de ses morts : en le tuant non pas avec l’épée,  mais par l’amputation des racines mêmes de sa vie spirituelle ; 2 -  C’est ensuite qu’ils s’attaqueront à ce qui relie la race à sa terre,  cette source matérielle de sa richesse, en s’attaquant au nationalisme  et à toute idée de patrie et de sol ; 3 - Pour parvenir à ceci, ils  chercheront à s’emparer de la presse ; 4 - Ils se saisiront de tous les  prétextes pour semer dans le peuple roumain la discorde, le malentendu  et la contestation et, si possible, le diviseront encore davantage en  factions antagonistes ; 5 - Ils chercheront à s’accaparer toujours plus  les moyens d’existence des Roumains ; 6 - Ils les aiguilleront  systématiquement sur la voie de la dissolution, ruinant la famille et la  force morale et ne négligeant pas l’empoisonnement par le biais de  l’alcoolisme et d’autres fléaux. Et, en vérité, quiconque voudrait  empoisonner et conquérir une race pourrait y parvenir en adoptant ce  système ». Par tous les moyens, depuis l’immédiat après-guerre jusqu’à  hier, le mouvement de Codreanu a tenté de combattre sur tous les fronts  cette offensive hébraïque conduite en Roumanie par les deux millions et  demi de juifs qui y sont présents et les forces affiliées à Israël ou  financées par lui.
Le fléau représenté par les politicards et la  nécessité de créer un « homme nouveau » sont deux autres idées-force de  la pensée de Codreanu. « Le type d’homme qui existe aujourd’hui dans la  vie politique roumaine — écrit Codreanu —, je l’ai déjà rencontré dans  l’histoire : c’est sous son règne que sont morts les nations et qu’ont  péri les États ». Pour lui, le grand péril national réside dans le fait  d’avoir déformé et défiguré le type pur de la race romano-dace et d’y  avoir substitué « le politicard, cet avorton moral qui n’a plus rien de  la noblesse de notre race, qui se déshonore et se suicide ». Tant qu’il  existera, les obscures forces anti-nationales trouveront toujours des  instruments adéquats, ils pourront toujours ourdir des intrigues au  service de leur double jeu. Si la Constitution roumaine de 1938 a mis  fin au système des partis, c’est depuis des années que Codreanu avait  adopté en ce domaine une position radicale qui lui faisait dire : « Tout  homme franchissant la porte d’un parti politique sera un traître à sa  génération et à sa race ».
Car il ne s’agit pas, ici, de partis  ou de formules neuves mais bien d’un « homme nouveau ». C’est de cette  constatation qu’est né le légionnarisme de Codreanu, qui veut être,  avant tout, une école de vie, le creuset pour un nouveau type humain en  lequel seront développées pleinement toutes les possibilités de grandeur  humaine que Dieu a répandues dans le sang de notre race. Légion de  l’archange Michel : tel fut le nom de la première fondation légionnaire  et, déjà, dans le choix même de cette appellation apparaît le côté  mystique, religieux et ascétique d’un tel nationalisme. Pour Codreanu  l’essentiel demeure cette création d’un nouveau type humain : le reste  est accessoire, et par un processus naturel et fatal, il s’ensuit que  c’est grâce à un tel type d’homme régénéré que sera résolu le problème  juif, que seront trouvées de nouvelles formes politiques, que jaillira  ce magnétisme capable de transporter les foules et de conduire la race  sur le chemin de la gloire.
C’est là un aspect particulier et  caractéristique du mouvement légionnaire roumain que d’avoir, dans son  organisation même en ce qu’on appelle des nids, comme préoccupation  fondamentale la création d’une nouvelle forme de vie communautaire  imprégnée de rigides critères éthiques et religieux. C’est ainsi que  beaucoup pourront être surpris d’apprendre que Codreanu avait imposé la  discipline du jeûne deux jours par semaine à tous les adhérents de son  mouvement et ses considérations sur la prière — considérations qui  sembleraient avoir été formulées davantage par un religieux que par un  chef politique — sont particulièrement intéressantes : « La prière est  un élément décisif de la victoire. Les guerres sont gagnées par ceux qui  ont su attirer de l’éther, des cieux, les forces mystérieuses du monde  invisible et s’en assurer le concours. Ces forces, ce sont les âmes des  morts, les âmes de nos ancêtres qui furent eux aussi, en leur temps,  liés à nos lopins de terre, à nos sillons, qui moururent pour la défense  de cette terre et sont aujourd’hui encore liés à elle par le souvenir  de leur vie ainsi qu’à nous, leurs fils, petits-fils et arrière  petits-fils. Et puis, au-dessus de l’âme des morts, il y a Dieu. Une  fois attirées, ces forces pèsent dans la balance : elles protègent,  elles insufflent le courage, la volonté et tout ce qu’exige la victoire  et elles nous font vaincre. Elles sèment la panique et l’épouvante chez  l’ennemi, paralysant son action. En dernière analyse, les victoires ne  dépendent pas uniquement de la préparation matérielle, des forces  matérielles des belligérants mais de leur capacité de s’assurer le  concours des forces spirituelles. La justice et la moralité de notre  action et l’appel fervent, le recours à elles sous la forme du rite et  de la prière collective, attirent de telles forces ». Encore un passage  caractéristique de Codreanu : « Si la mystique chrétienne, dont la fin  est l’extase, est le contact de l’homme et de Dieu grâce à un saut de la  nature humaine à la nature divine, la mystique nationale n’est rien  d’autre que le contact de l’homme et des foules avec l’âme de leur race  grâce à un saut que ceux-ci font du monde de leurs intérêts personnels  et matériels au monde éternel de la race. Non pas seulement mentalement,  car ceci n’importe quel historien peut le faire, mais en le vivant de  toute leur âme ». Un autre aspect typique du légionnarisme de la Garde  de fer, c’est l’espèce d’engagement ascétique de ses chefs : ceux-ci  doivent éviter toute manifestation de richesse ou de simple aisance. Un  corps spécial de dix mille hommes — appelé Mota et Marin, du nom de deux  chefs de la Garde de fer tombés en Espagne — imposait à ses membres à  l’instar de certains anciens ordres chevaleresques, la clause du célibat  pour pouvoir faire partie d’un tel corps : afin qu’aucun lieu, qu’il  soit mondain ou familial, ne puisse diminuer leur capacité de se jeter à  la mort à tout instant.
Quoiqu’il ait par deux fois siégé au  Parlement en tant que député, Codreanu s’est affirmé dès le départ comme  un adversaire déclaré de la démocratie ; selon ses propres termes, la  démocratie détruit l’unité de la race par le système des partis ; elle  est incapable de continuité dans l’effort et, comme le sens des  responsabilités, le sens de l’autorité lui fait défaut : elle ne possède  pas la force de la sanction et fait de l’homme politique l’esclave de  ses partisans ; elle est au service de la haute finance ; elle  transforme des millions de citoyens cosmopolites en Roumains.  Inversement, Codreanu affirmait des principes de sélection sociale et  d’élites. Ce dernier a eu une très exacte intuition de la nouvelle  politique propre aux nations désireuses de repartir sur de nouvelles  bases et dont le principe n’est ni la démocratie, ni la dictature, mais  un rapport entre la nation et son chef, et comparable à celui qui existe  entre la puissance et l’acte, entre l’obscur instinct et son  expression. Le chef de ces nouvelles formes politiques n’est pas élu par  la foule mais c’est la foule, la nation qui est d’accord avec lui et  reconnaît dans les idées de celui-ci les siennes propres. La prémisse  est une sorte de réveil intérieur qui trouve son origine chez le chef et  dans l’élite. Évoquons ici les paroles mêmes de Codreanu : « C’est une  forme neuve du gouvernement des États, forme jamais rencontrée  jusqu’ici. J’ignore quel nom elle prendra, mais je sais qu’elle est  neuve. Je crois qu’à la base, elle comporte cet état d’esprit, état  propre à une haute conscience nationale qui d’abord, ou ensuite, s’étend  peu à peu jusqu’à la périphérie de l’organisme social. C’est un état de  clarté intérieure. Ce qui gisait jusque là dans les cœurs en tant  qu’instinct de la race se reflète, hors de tels moments, dans les  consciences, créant un état d’illumination unanime que l’on ne rencontre  que dans les grandes expériences religieuses. Et précisément, on  pourrait appeler cet état un état d’œcuménicité nationale. Un peuple  parvient, ce faisant, dans son intégrité, à prendre conscience de lui-  même, de son sens et de son destin dans le monde. Dans l’histoire, nous  n’avons rien rencontré d’autre chez les peuples que des éclairs sans  lendemain : de ce point de vue, nous nous trouvons aujourd’hui  confrontés à des phénomènes nationaux permanents. A ce moment-là, le  chef n’est plus un patron qui fait ce qu’il veut et gouverne selon son  bon plaisir : il est l’expression de cet état spirituel invisible, le  symbole de cet état de conscience. Il ne fait plus ce qu’il veut mais ce  qu’il doit. On ne le juge pas à partir des intérêts individuels ni même  collectifs, mais de ceux de la nation éternelle dont ont désormais  conscience les peuples. Dans le cadre de ces intérêts-là, et dans ce  cadre seulement, ils trouveront naturellement la satisfaction la plus  complète aussi bien de leurs intérêts individuels que de leurs intérêts  collectifs ».
Que, par suite, Codreanu n’exclut pas que ces  nouvelles formes de nationalisme puissent se concilier avec les  institutions traditionnelles, ses propres idées sur l’institution  monarchique le prouvent éloquemment. Qu’on en juge : « Je récuse la  république. A la tête des ethnies, au-dessus de l’élite, il y a la  monarchie. Si tous les rois n’ont pas été de bons monarques, la  monarchie, par contre, a toujours été bonne. L’homme ne doit pas être  confondu avec l’institution sinon l’on en tire des conclusions fausses.  Il peut y avoir de mauvais prêtres, mais ce n’est pas une raison  suffisante pour en conclure qu’il faut se séparer de l’Église et lapider  Dieu. Il y a sans doute des rois faibles ou mauvais, cependant il est  impossible de renoncer à la monarchie. Il existe une ligne de vie de la  race. C’est lorsqu’il se maintient sur cette ligne que le monarque est  grand et bon, et il est petit et mauvais dans la mesure où il s’éloigne  de cette ligne de vie de la race — ou bien lorsqu’il s’y oppose.  Nombreuses sont les autres lignes qui peuvent tenter un monarque : il  doit les écarter toutes pour ne suivre que celle de la race. Telle est  la loi de la monarchie ».
Si telles sont, dans leurs grandes  lignes, les idées de Codreanu et de sa Garde de fer, les vicissitudes de  sa lutte se révèlent tragiquement incompréhensibles : hier encore,  elles semblaient être le jouet de quelque horrible malentendu. Nous  disons hier encore car, dans la mesure où subsistait en Roumanie le pur  système démocratique — avec son asservissement bien connu à toute espèce  d’influence indirecte ou de derrière les coulisses et son institution  monarchique purement symbolique — , on pouvait comprendre qu’un  mouvement comme celui de Codreanu soit contrecarré par tous les moyens  et quel qu’en soit le prix par le système en place. Or, aujourd’hui, au  nom de principes pratiquement opposés, pour des raisons d’opportunisme,  les effets sont identiques et le péril adverse avance à visage  découvert. Comment ne pas comprendre ces amères constatations de  Codreanu : « Dans les années 1919, 1920 et 1921, la totalité de la  presse aux mains des juifs donnait l’assaut à l’État Roumain, déchaînant  partout le désordre et exhortant à la violence contre le régime, les  institutions, l’Église, l’ordre roumain, l’idée nationale, le  patriotisme. Aujourd’hui (en 1936), comme par enchantement, la même  presse, exactement aux mains des mêmes hommes, s’est érigée en  protectrice de l’Ordre, de l’État, des lois ; elle se déclare contre  toute violence et nous, nous sommes devenus les ennemis du pays, les  extrémistes de droite, à la solde et au service des ennemis du  roumanisme. Et avant longtemps, gageons que nous entendrons aussi que  nous sommes subventionnés par les juifs ! ». Et Codreanu poursuit : «  Nous avons reçu sur nos joues et sur nos cœurs de Roumains, sarcasmes  après sarcasmes, gifles après gifles jusqu’à nous voir réellement dans  cette épouvantable situation : les juifs défenseurs du roumanisme, à  l’abri de tout tracas, vivant dans la tranquillité et l’abondance ! Et  nous, en tant qu’ennemis du roumanisme, menacés dans notre liberté et  notre vie, pourchassés comme des chiens enragés par les autorités  roumaines. J’ai vu avec mes yeux et j’ai vécu ces heures, rempli  d’amertume jusqu’au tréfonds de l’âme. Te mettre à lutter pour ta terre,  l’âme pure comme la prunelle des yeux, et lutter des années et des  années durant dans la pauvreté et en cachant la faim qui te laboure  pourtant le ventre, et puis te voir ensuite désignée sur la liste des  ennemis du pays parce que tu es payée par l’étranger — et voir les juifs  maîtres du pays, élevée au rôle de gardiens du roumanisme et de l’État  Roumain, menacés par toi, jeunesse du pays, c’est quelque chose  d’épouvantable ! ».
Que tout ce qui précède ne soit pas simple  littérature, le lecteur peut s’en rendre compte en parcourant le livre  de Codreanu : il y trouvera une ample documentation sur la via crucis de  la Garde de fer : arrestations, persécutions, procès, diffamations,  violences physiques. Codreanu lui- même fit l’objet de nombreux procès  qui, jusqu’ici, se terminèrent tous par des non-lieux. Chose  significative, lorsqu’il fut inculpé d’homicide pour avoir tué de ses  mains les bourreaux de ses camarades, dix-neuf mille trois cent avocats  venus des quatre coins du pays se proposèrent pour assurer sa défense !
A  l’issue de l’expérience du cabinet Goga, le régime démocratique roumain  sembla prendre fin pour être remplacé par une nouvelle forme,  autoritaire cette fois, de gouvernement. On ne sait quasiment rien, à  l’étranger, des dessous d’un tel revirement. Bien que la Garde de fer  ait été dissoute, cette nouvelle phase de la politique roumaine n’a pas  mis un terme à la lutte menée par Codreanu contre les adversaires de sa  conception de la nation et de l’État. Il faut bien voir que le  gouvernement Goga fut constitué à titre d’expérience et, parallèlement, à  des fins tactiques bien précises. Avec le nationalisme et  l’antisémitisme modérés de Goga, ce que l’on cherchait à détourner,  c’était les forces que le mouvement de Codreanu attirait à lui et qui y  adhéraient chaque jour plus nombreuses : au fond, il s’agissait d’offrir  un succédané aisément domesticable. Pour utiliser la formule  mussolinienne employée à propos du plébiscite proclamé par Schuschnigg,  on s’aperçut assez vite que l’expérience était dangereuse et que l’engin  pouvait bien échapper des mains de celui qui l’avait préparé. Car le  régime Goga ne fut pas perçu comme un succédané dont il fallait se  contenter mais, au contraire, comme le signe préliminaire d’un  ralliement au courant du nationalisme intégral : peu importait le fait  que Goga fut un adversaire déclaré de Codreanu (et telle avait été une  des raisons de son choix), ce qui importait plutôt était son programme  qui allait dans le sens du nationalisme et de l’antisémitisme ainsi que  dans celui d’une révision de la politique internationale roumaine. C’est  la raison pour laquelle — dans le cas où les élections annoncées par  Goga auraient eu lieu — ce dernier aurait été emporté par un courant  qui, bien que de même origine, aurait été plus fort que lui.
Ayant  pris connaissance de ce danger, le roi décida alors d’intervenir  personnellement. Il mit fin au régime démocratique et fit promulguer une  constitution dont l’objet consistait essentiellement à concentrer,  directement ou indirectement, le pouvoir entre les mains du monarque. Il  s’agissait d’une révolution autoritaire provenant, comme on dit, à la  fois de la Cour et de la place publique. Voyant cela, la Garde de fer  décida de dissoudre volontairement, afin de prévenir toute manoeuvre de  l’adversaire, le parti Tout pour la patrie qu’elle avait créé. Elle se  retira sans bruit, se proposant désormais de concentrer son action  essentiellement sur le plan spirituel, se consacrant désormais à la  formation spirituelle et à la sélection de l’afflux d’adhérents qui,  dans les derniers temps — en raison surtout du fait que chacun  considérait le gouvernement Goga comme une étape —, avait rejoint les  rangs de Codreanu.
Nous étions en Roumanie à cette époque-là et  la solution qui apparaissait aux observateurs roumains les plus sérieux  comme éminemment souhaitable et probable, était de mettre un terme à la  vieille querelle entre le régime et le légionnarisme pour y substituer  une collaboration sur des bases nationales. Il ne s’agissait pas  simplement de l’opinion exprimée par le principal théoricien roumain de  l’État, Manoilescu, ou de gens qui, comme Nae Jonescu, avaient joué un  rôle non négligeable dans le retour du roi dans sa patrie : même le  ministre Agetoianu, principal inspirateur de la constitution, n’excluait  pas, lors d’une conversation que nous eûmes avec lui, cette  collaboration, sous réserve — c’était ses propres mots — que la Garde de  fer renonce à ses anciennes méthodes.
Nous serions bien les  derniers, ici, à contester que, dans des conditions normales, lorsque la  monarchie jouit de l’intégralité de sa puissance et de sa  signification, celle-ci n’a nul besoin d’être doublée par une dictature  pour exercer régulièrement sa fonction. Mais les choses se présentent  différemment dans un État où l’intrigue politique s’est substituée à la  fides traditionnelle, où l’hydre apatride a étendu ses tentacules sur la  plupart des centres vitaux de la nation, où la démocratie des parties a  miné l’intégrité éthique et le sentiment patriotique de vastes secteurs  politiques. Lorsqu’il en est ainsi, ce qu’il faut, alors, est un  mouvement de rénovation de type totalitaire, quelque chose qui, d’une  façon globale, entraîne, fonde, transforme et tende à nouveau vers le  haut l’ensemble de la nation en prenant appui sur un nouvel état de  conscience et sur les forces que représentent un idéal et une foi. Et  l’institution monarchique, lorsqu’elle est présente, n’est pas amoindrie  par un tel mouvement national totalitaire : elle est, au contraire,  grandie et complétée par lui — comme le démontre l’exemple même de  l’Italie. Dans ce contexte, on retenait donc comme désirable et possible  la collaboration entre le nouveau régime et le mouvement légionnaire de  Codreanu, et ce, d’autant plus que, comme on l’a vu, Codreanu défendait  sans réserve l’idée monarchique et qu’il n’a jamais envisagé — et ses  propres adversaires ne l’ont même jamais supposé — de se proposer  prétendant au trône de Roumanie.
Le récents événements ont  démontré l’inanité de telles espérances et n’ont fait que précipiter le  drame. Peu après la sanction définitive de la nouvelle constitution,  Codreanu a été mis une fois de plus en état d’arrestation. Pour quel  motif ? Tout d’abord, on feignit de se souvenir, de longs mois après -  alors que pendant toute sa carrière politique, sous l’aiguillon des  circonstances, il n’avait quasiment fait que cela - qu’il avait outragé  un ministre en exercice. Un peu plus tard, on l’accusa de complot contre  la sûreté de l’État… Mais la vérité est que l’arrestation de Codreanu  eut lieu presque le jour qui suivit l’Anschluss et l’on peut très  vraisemblablement penser que ceci n’avait pas d’autre motif que la peur  de voir — en écho au triomphe du national-socialisme autrichien — les  forces du nationalisme roumain, jusque-là tenues en laisse, tout  emporter. On voulut donc, par un moyen ou par un autre, se débarrasser  de leur chef. À l’issue du procès, Codreanu fut condamné à une peine de  réclusion de dix ans et l’on arrêta simultanément toute une série de  chefs secondaires ainsi qu’une quantité de gens soupçonnés d’appartenir à  la Garde ou d’être solidaires avec elle. Qu’avec de telles mesures, on  ait voulu chercher l’affrontement et que l’on ait été encore très loin  de la stabilisation de la situation politico-nationale, chacun en  Roumanie s’en rendit compte. Ce que chacun put également constater,  c’est que si les précédents procès intentés à Codreanu — à une époque où  ses adversaires jouissaient, par le biais de la corruption  démocratique, de toutes les facilités — avaient dû invariablement se  conclure par sa relaxe, c’est précisément cette fois sous les auspices  de la nouvelle constitution anti-démocratique et « nationale » que l’on  condamnait Codreanu ! Ceci ne pouvait être pris que comme un défi jeté à  toutes les forces du légionnarisme national roumain qui, bien que  latentes et dispersées, n’en étaient pas moins présentes et nombreuses  encore. Quoique rien de très précis n’ait réussi à filtrer de ce dernier  procès, il fut bien clair que la condamnation était soit excessive,  soit insuffisante : car si vraiment c’est de complot contre la sûreté de  l’État que Codreanu pouvait être convaincu positivement, étant donné  l’animus qui avait conduit à ce procès, il y avait là une excellente  occasion de le mettre définitivement hors d’état de nuire puisque, pour  ce type de délit, la nouvelle constitution prévoit la peine capitale.  Or, on avait dû se limiter à dix ans de prison.
Ce que l’on  n’avait pas osé faire à ce moment-là fut cependant fait plus tard et ce  qui était prévisible finit par arriver fatalement. Une fois passé le  premier moment de stupéfaction, les forces fidèles à Codreanu engagèrent  une action terroriste de représailles : Le « bataillon de la mort »  entra en scène, un tribunal national secret se constitua, dont l’objet  était de juger et de frapper tous ceux qui, du point de vue légionnaire,  attentaient à la nation. Ce changement d’attitude atteignit son  paroxysme après la capitulation de Prague et les accords de Munich, mais  ne fit, en définitive, que conduire à une situation chaque jour plus  difficile : dès lors, les arrestations se multiplièrent, l’injustice  appelle contre elle l’injustice ; récemment, le recteur de l’université  de Cluj, personnage particulièrement hostile à la Garde, a été assassiné  ; deux gouverneurs de province ont reçu du mystérieux tribunal national  légionnaire la sentence de mort, laquelle doit être exécutée au cours  du mois de janvier… La situation a atteint un tel point de non-retour  que de très hautes personnalités — parmi lesquelles un prince de sang et  le général Antonescu, déjà ministre de la guerre sous le gouvernement  de Goga et actuellement commandant du deuxième corps d’armée  — viennent  d’être soit démises, soit exilées, soit en état d’arrestation. Les  événements se précipitent et, sous la pression d’une exacerbation  générale, nous voici maintenant arrivés au dernier acte de la tragédie.  Le 30 novembre, un laconique communiqué officiel annonçait que Codreanu,  ainsi que treize autres légionnaires appartenant aux instances  dirigeantes du mouvement et arrêtés avec lui, avaient été abattus par la  police au cours d’une « tentative d’évasion ». Leurs corps auraient été  inhumés, une fois faites les constatations d’usage, trois heures après —  soit presque immédiatement, de façon à couper court à toute possibilité  d’enquête ultérieure.
Le paroxysme de la tension a donc ainsi  été atteint et le retentissement suscité par cet événement à travers  toute la Roumanie, où les fidèles de Codreanu se comptent désormais par  millions, est énorme. L’état de siège qui était en vigueur dans  plusieurs régions vient d’être étendu à l’ensemble du Royaume :  rarement, au cours de son histoire, la Roumanie a connu des heures aussi  troublées.
Ce qu’il faut retenir, au terme de cet exposé, est  que : ou bien Codreanu était de la pire mauvaise foi — hypothèse que  quiconque l’a approché ne serait-ce qu’un instant, quiconque a senti la  foi, l’enthousiasme et la profonde sincérité qu’exprimait le moindre de  ses écrits, ne peut qu’exclure -, ou bien il est impossible d’admettre  que son mouvement ait eu un quelconque caractère subversif, finalité de  toute façon étrangère à une reconstruction nationale de type fasciste ou  national-socialiste, d’autant plus qu’il respectait le principe  monarchique. Que conclure ? Eh bien, il n’est que trop légitime de  s’interroger sur la véritable nature des forces qui ont provoqué, ou  tout au moins favorisé, la tragédie de la Garde de fer. Lors de la  dernière arrestation de Codreanu, nous étions alors à Paris et nous  avons entendu un véritable hurlement de joie délirante accompagner la  nouvelle de son arrestation dans les feuilles spécialisées de  l’antifascisme et du socialisme apatride. Ce n’est pas une gageure que  de dire qu’après la Tchécoslovaquie, la Roumanie est, dans toute  l’Europe Centrale, le dernier carré — disposant de nombreuses ressources  et précieux tant du point de vue économique que stratégique — qui soit  resté aujourd’hui encore à l’abri du jeu des forces obscures en action  dans les grandes démocraties, la haute finance et le socialisme  apatride. Et, pour de telles forces, représenter les intérêts de gens  incapables d’une vision des choses à long terme, comme moyen et comme  fin, et passer sur des cadavres — même s’il s’agit de ceux d’une  jeunesse noble et généreuse qui s’était vouée au seul service du pays —,  ce ne sont là qu’enfantillages.
Source : http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EkVEEupAlEtKvFPawP.shtml